Hébergement d’urgence des filles des rues de Kinshasa
Dès l’ouverture du centre d’accueil des garçons, les animateurs ont été confrontés à la présence des filles dans la rue, moins nombreuses certes, mais beaucoup plus exposées à toutes les violences. Cependant, pour des raisons évidentes, il n’était ni possible ni souhaitable d’accueillir à la fois des filles et des garçons dans un même lieu.
Ces derniers étant quatre fois plus nombreux dans les rues de Kinshasa, c’est vers eux que s’est tout d’abord dirigée l’action de Ndako Ya Biso.
Les éducateurs ne délaissaient pas pour autant les filles rencontrées dans la rue. Leur aide se limitait cependant aux soins infirmiers, aux sorties ludiques mensuelles et aux démarches de réunification familiale, sans accueil au centre, ou alors très exceptionnellement et pour une très courte durée.
Une fois dans la rue, les petites filles rejoignent des abris où se regroupent les femmes vivant de la prostitution. Ces fillettes sont utilisées par les aînées de la rue pour garder leurs bébés pendant qu’elles partent se prostituer. Elles servent donc de nourrices, de ménagères et ne réalisent pas que ces services qui leur procurent revenu et alimentation les mèneront tôt ou tard elles aussi à la prostitution.
Le souhait le plus cher de toute la communauté Ndako Ya Biso était d’ouvrir un centre destiné à l’hébergement d’urgence de ces filles en grand danger.
Trois impératifs majeurs se présentaient.
Il fallait à la fois :
- Protéger les fillettes des risques de prostitution infantile auxquelles elles sont confrontées la nuit dans la rue.
- Assurer un encadrement socio-éducatif quotidien soutenu et adapté pour resocialiser les enfants et permettre le travail d’enquête et les démarches de réinsertion familiale.
- Aider les enfants à guérir de leurs traumatismes et de leurs trop nombreuses blessures, tant morales que physiques.
Le 8 mars 2012, c’était chose faite. Le centre Béthanie destiné aux filles a très symboliquement été inauguré ce jour-là, à l’occasion de la Journée de la Femme.
Organisation et fonctionnement du centre Béthanie
Le centre Béthanie héberge en moyenne de 15 à 20 filles de moins de 15 ans, repérées sur les sites de travail des éducateurs.
Pour garantir leur protection, ces filles dorment au foyer et font l’objet d’une prise en charge complète, de jour comme de nuit.
L’ambiance du centre est proche du cadre familial, elles y trouvent l’accompagnement psychologique et affectif qui leur est indispensable.
Elles bénéficient des mêmes aides que les garçons, avec un repas du soir et l’hébergement de nuit en plus.
Elles sont écoutées, entourées et suivies avec beaucoup d’empathie par les éducatrices qui sont présentes jour et nuit.
Elles suivent des cours d’alphabétisation et sont initiées à la broderie et à la couture. A tour de rôle, elles participent à la préparation des repas, ce qui est une manière de les réhabituer doucement aux tâches quotidiennes de la vie familiale.
Les moments de détente restent nombreux, les filles passent beaucoup de temps à jouer entre elles, comme tous les enfants. Un accent particulier est mis sur le jeu collectif qui est un élément essentiel de leur resocialisation.
Confrontées bien trop tôt à la prostitution, quelques très jeunes filles sont déjà maman.
Particulièrement vulnérables, elles sont accueillies au centre avec leur bébé pour les soustraire aux dangers de la rue, en attendant de trouver une solution durable de réinsertion.
Les filles au-delà de 16 ans ne sont par contre pas hébergées au centre Béthanie.
Vivant de la prostitution, ayant pour la plupart connu plusieurs grossesses non désirées, leur vécu et les traumatismes subis exigent un accompagnement spécialisé. Elles sont accueillies au centre d’écoute des grands jeunes de la rue.
Réinsertion familiale et sociale
La réunification familiale des enfants est l’objectif premier de Ndako Ya Biso. L’idée première était de parvenir à cette réunification le plus rapidement possible, à l’image de ce qui est fait avec les garçons. Mais il est vite apparu qu’il fallait procéder tout autrement. Lourdement blessées dans leur corps et leur cœur par un vécu douloureux, ces filles qui ont connu le pire ont besoin d’un temps de guérison et de réconciliation beaucoup plus long. Ce temps varie de l’une à l’autre mais peut aller jusqu’à trois mois, voire plus.
L’accueil vise donc une durée maximale de trois mois, temps imparti pour le processus d’enquête en vue de la réunification ou du placement de l’enfant. Ces trois mois sont dédiés à l’établissement d’une relation de confiance avec la fillette ou la jeune fille afin de l’aider à construire un projet de vie.
Au terme des trois mois, l’enfant est accompagnée au sein de sa famille, parents ou membre de la famille, ou bien est placée dans un centre d’accueil lorsqu’aucune autre solution ne peut être trouvée.
En 2017, la jeune Christelle a quitté le centre Béthanie pour rejoindre sa famille. Elle était le 2000ème enfant réunifié en famille par Ndako Ya Biso !
Pour aller plus loin…
Les enfants des rues ne possèdent plus rien.
Plus de famille, plus de toit, pas même un vêtement de rechange. Ils dorment par terre, sur les trottoirs, dans une vieille carcasse de voiture ou sous les étals des marchés, au risque de se faire agresser ou dépouiller durant leur sommeil…
La seule chose qu’il leur reste, c’est leur âme. Vous pouvez les aider à protéger cet ultime bien si précieux.
Ils ont besoin de vous !
Pour 10 € par mois, le parrainage collectif de ces enfants si démunis permet au centre Ndako Ya Biso de les accueillir, de les nourrir, de les soigner, de les éduquer et d’assurer leur scolarisation et leur retour en famille.- Un lieu d’espoir : Un nouveau centre
- Un exemple concret : L’histoire de Jonas
- Un phénomène préoccupant : Les enfants sorciers
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Des témoignages : Histoires d’enfants