Vivre dans un camp de réfugiés n’est pas une vie.
Accueillir et scolariser des enfants déplacés de guerre
Goma, au Nord-Kivu
On ne choisit pas de vivre dans un camp.
Ce n’est pas un endroit où l’on a envie d’élever ses enfants.
Depuis une année, la situation ne cesse de se détériorer au Nord Kivu.
Le redoutable mouvement armé M23 pille les villages, massacre les populations et encercle Goma, la capitale provinciale. Les routes d’accès sont coupées.
Goma est asphyxiée.
Elle l’est d’autant plus que sa population s’est récemment gonflée de centaines de milliers de déplacés de guerre fuyant la guerre et cherchant à Goma une sécurité relative.
Depuis un an, près de 800 000 personnes ont ainsi construit leur abri de fortune dans les camps entourant la ville.
Les camps officiels sont saturés. Ne sachant où aller, des familles se sont réfugiées dans des écoles, des églises ou des hôpitaux.
Dans le seul territoire de Nyiragongo, 21 écoles sont ainsi devenues des sites de déplacés de guerre.
Dans tous ces endroits, les enfants sont livrés à eux-mêmes.
Leurs parents sont pour la plupart des cultivateurs qui n’ont plus de terre à cultiver. A Goma, ils se retrouvent en situation de mendicité.
C’est auprès des familles installées dans l’école Ave Maria que SOS Enfants intervient.
Ce site de déplacés se situe à proximité du Centre de formation de notre partenaire Aprojed.
Les familles dorment dans les salles de classe et le matin, très tôt, elles roulent leurs matelas et nettoient tout pour que les enfants scolarisés puissent suivre leurs cours.
Tous les après-midi, nous mettons à leur disposition les enseignants et les trois salles de classe de notre Centre de rattrapage scolaire pour permettre la scolarisation de 175 enfants.
Les chants, les danses et les jeux font également partie de leur emploi du temps
Un petit repas leur est servi chaque jour, une bouillie sucrée dont ils raffolent. C’est un soulagement pour leurs parents qui savent ainsi que les enfants auront mangé au moins une fois dans la journée.
Au-delà de la scolarisation dont ils bénéficient, les après-midi passés au Centre Aprojed sont pour eux des moments privilégiés durant lesquels ils peuvent vivre une simple vie d’enfant.
Mais les traumatismes sont là. Le bruit des armes, les blessés, les morts, la fuite de leur village, les journées de marche pour arriver jusqu’à Goma, le découragement et l’épuisement restent des souvenirs encore trop présents pour eux.
Pascaline a 13 ans.
Venant du territoire de Rutshuru, elle est arrivée à Goma il y a déjà 6 mois avec sa mère et ses quatre frères et sœurs. Son père est resté sur place pour ne pas perdre le peu qu’ils possèdent. Ils sont très inquiets parce qu’ils n’ont plus de ses nouvelles depuis plusieurs semaines.
Ils survivent tant bien que mal. La maman sillonne la ville en quête d’un petit travail. Souvent, elle rentre sans rien. Les enfants passent alors la nuit ventre creux.
Les enfants trouvent le temps long quand ils restent seuls sur le site de déplacés. Lorsqu’il pleut, il n’y a pas d’abri pour les petits déplacés. Ils ne savent ni que faire ni où se protéger. Les salles de classe sont réservées aux élèves pendant les heures de cours.
Pascaline et ses deux petits frères sont heureux de venir à l’école. Elle dit oublier son inquiétude pour son père quand elle est à l’école, surtout quand elle danse et chante avec les autres enfants.
Elle dit aussi qu’elle aimerait rester tout le temps à l’école Aprojed si c’était possible.
Elie a 14 ans.
Le regard dans le vague, il confie que cette guerre lui a tout pris. Il vivait paisiblement avec ses parents. Il était élève en 6ème année primaire dans l’école où son père enseignait.
Lors de leur fuite sous les bombes, son père a été blessé. Aujourd’hui, sa mère est obligée de mendier.
Les repas se résument à des feuilles d’eucalyptus qu’elle fait cuire quand elle trouve un peu de charbon. Retourner à l’école est pour lui un rêve qu’il pensait inaccessible.
Cette situation risque de durer encore de longs mois avant que ces familles ne puissent retourner vivre dans leur village. Et là, tout sera à reconstruire…
Pour Pascaline, Elie et tous les autres, venir à l’école est un temps de répit dans la violence qui les encercle, dans l’inquiétude qui ne les quitte pas.
Nous avons besoin de votre soutien pour aller au-delà de ce que nous avons pu commencer.
Tant d’autres enfants comptent sur nous.
Permettons-leur de vivre une vie d’enfant, d’étudier, jouer et manger à leur faim.