Après la réunification d’un enfant dans sa famille
le suivi n’est pas une option, c’est une nécessité.

Le retour dans sa famille d’un enfant ayant vécu dans la rue est une phase importante, mais sensible. Si cette réunification marque souvent une victoire, elle ne garantit pas à elle seule la stabilité ou la réussite de la réinsertion. C’est pourquoi un suivi familial régulier et structuré est fondamental.
La vie dans la rue laisse des traces profondes : traumatismes, perte de confiance, habitudes de survie. L’enfant peut avoir du mal à se réadapter à la vie familiale, à respecter les règles ou à renouer avec l’école.
De leur côté, les parents peuvent se sentir démunis face aux comportements de l’enfant et éprouver de l’incompréhension, de la culpabilité, voire du rejet.

Un accompagnement permet de reconstruire les liens familiaux, de faciliter la communication et de prévenir les conflits.
Les causes qui ont poussé l’enfant à la rue – pauvreté, violence domestique, négligence, déscolarisation – ne disparaissent pas toujours au moment du retour.
Le suivi familial permet d’identifier ces facteurs, de proposer des solutions concrètes (soutien économique, médiation, orientation vers les services sociaux) et d’éviter les rechutes.


Les visites régulières sont aussi l’occasion d’aborder tous les problèmes rencontrés au sein de la famille.
Dieudonné, âgé de 10 ans, est le troisième d’une fratrie de six enfants. Il est actuellement en 6ème année primaire.
Les mauvaises conditions de vie l’avaient amené à partir dans la rue. La famille vit dans une petite maison en tôles qu’elle a construite sur une parcelle appartenant à la famille. Le père militaire est toujours absent tandis que la mère, Judith, gagne sa vie en vendant de l’eau et des bouteilles de jus en plastique au marché.
Accompagné par les éducateurs de Ndako Ya Biso, il a fini par exprimer de lui-même le désir de retourner auprès de sa famille.
Cela a permis d’engager un processus de médiation et d’organiser des rencontres entre lui et ses proches.
Judith a bénéficié d’un premier microcrédit de 50 dollars qu’elle rembourse régulièrement. Aujourd’hui, elle reste redevable d’un solde de 36 dollars.
La parcelle sur laquelle ils vivent est exposée à un grand risque d’érosion. Pour tenter de limiter les dégâts, la famille a déjà planté quelques bambous, mais il serait nécessaire de compléter cette protection en installant une haie de vétiver entre les bambous.


Les parents et les tuteurs des enfants considèrent les éducateurs de Ndako Ya Biso comme des confidents, ils savent pouvoir leur demander des conseils.
Après avoir passé de nombreux mois dans la rue, Abel et Siméon ont finalement pu retrouver leur grand-mère, un retour rendu possible par le travail de proximité mené avec persévérance par nos éducateurs.
Cette femme déjà âgée jouait un rôle central dans le soutien de sa famille grâce à la vente de thé sur le marché.
Appuyé par un microcrédit que nous lui avions apporté, ce petit commerce lui permettait de nourrir plusieurs membres de sa famille. Malheureusement, suite à des problèmes de santé, elle a dû cesser cette activité sur recommandation médicale.
Aujourd’hui, elle se retrouve sans revenu stable, tout en continuant à héberger plusieurs de ses petits-enfants, dont deux jeunes garçons pris en charge par notre organisation. Ces derniers ont obtenu des résultats encourageants au premier trimestre (82 % et 63 %).
La famille vit dans une maison appartenant à la grand-mère. Ils occupent une des deux portes, tandis que l’autre porte, en mauvais état, est actuellement vide mais pourrait être louée pour générer un revenu. La grand-mère, malgré son âge et sa fragilité, reste le pilier de la famille.
Mais aujourd’hui, elle a besoin aujourd’hui d’un soutien renforcé — tant sur le plan économique que social — pour continuer à offrir un cadre stable à ses petits-enfants.


Enfin, ce suivi est un signe d’engagement et de continuité. Il montre à l’enfant qu’il n’est pas seul, que sa situation compte et qu’un filet de sécurité existe autour de lui. Cela renforce son estime de soi et sa motivation à rester dans un environnement stable.
Samuel a séjourné plusieurs mois dans notre centre après avoir été victime d’un accident dans la rue, qui lui a causé une fracture à la jambe. Il avait été amené au centre par ses amis de la rue, alors qu’il était blessé.
Durant cette période, il a bénéficié de soins et d’un suivi régulier, avec sa jambe immobilisée sous plâtre.
Grâce aux recherches menées, nous avons pu retrouver sa sœur, qui a accepté de l’accueillir. Elle vit avec son mari dans une petite maison qu’ils louent pour 50 dollars par mois. Elle est couturière de profession et rembourse actuellement son premier microcrédit.
Samuel a aujourd’hui 16 ans et est inscrit en 6ème année primaire dans le but d’obtenir son certificat de fin d’études primaires.
Bien que sa situation soit difficile — il est le plus âgé de sa classe —, il s’accroche et poursuit ses études avec sérieux. Il est important de souligner sa motivation malgré les obstacles. Nous prévoyons de l’orienter vers une formation professionnelle dès l’année prochaine, afin de lui offrir une voie plus adaptée à son âge et à son profil.
Un accompagnement spécifique sera mis en place pour le préparer progressivement à cette transition.
Le suivi familial après le retour d’un enfant de la rue n’est pas une option, mais une nécessité.
C’est une démarche préventive, réparatrice et profondément humaine, qui donne à chaque enfant une vraie chance de reconstruire sa vie dans la dignité et la sécurité.

Ce travail de terrain, discret mais constant, est ce qui transforme une réunification fragile en réinsertion réussie. Il s’inscrit dans notre vision à long terme :
Ne pas seulement sortir un enfant de la rue mais l’aider à ne plus jamais y retourner.
Pour aller plus loin…
Les enfants des rues ne possèdent plus rien.
Plus de famille, plus de toit, pas même un vêtement de rechange. Ils dorment par terre, sur les trottoirs, dans une vieille carcasse de voiture ou sous les étals des marchés, au risque de se faire agresser ou dépouiller durant leur sommeil…
La seule chose qu’il leur reste, c’est leur âme. Vous pouvez les aider à protéger cet ultime bien si précieux.
Ils ont besoin de vous !
Pour 10 € par mois, le parrainage collectif de ces enfants si démunis permet au centre Ndako Ya Biso de les accueillir, de les nourrir, de les soigner, de les éduquer et d’assurer leur scolarisation et leur retour en famille.
- Un lieu d’espoir : Un nouveau centre
- Un exemple concret : L’histoire de Jonas
- Un phénomène préoccupant : Les enfants sorciers
- Des résultats : Les enfants réinsérés dans leur famille
- Prévention : Les enfants des rues et la drogue
- Sensibilisation de la population : Fête du voisinage
Des témoignages : Histoires d’enfants

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