Le groupe scolaire Saint-Alphonse, refuge des enfants
Malgré le contexte explosif que connaît Haïti, les cours ont pu se dérouler dans des conditions relativement normales à l’école de Cité Soleil et son annexe de Fourgy, sans interruption majeure. Ceci a permis à de nombreux enfants de reprendre le chemin de l’école. Cependant, cette normalité apparente cache une réalité bien plus complexe et inquiétante.
Guerre des gangs, violence et terreur
La situation dans le bidonville de Cité Soleil, l’une des zones les plus touchées par la violence en Haïti, reste extrêmement critique. La population de la Cité Soleil vit sous la menace constante de gangs armés, qui contrôlent le quartier de manière impitoyable.
Ces gangs sont nombreux et puissants. Leur emprise sur le bidonville est renforcée par la division du territoire en deux zones distinctes, chacune dominée par un groupe de criminels. Ces groupes, qui étaient en guerre l’an passé, semblent avoir suspendu les hostilités pour le moment. Mais cette trêve fragile n’a pas conduit à une réduction de la violence.
Début décembre, un événement tragique a rappelé la brutalité de la situation. Un chef de gang dont l’enfant était malade a suspecté que son enfant avait été victime d’un sort. Pour se venger, il a capturé plus d’une centaine d’adeptes du vaudou et les a exécutés de manière cruelle, massacrés à la machette ou brûlés vifs. Cet épisode d’horreur a plongé la population dans la terreur et a exacerbé l’instabilité déjà existante.
La violence est omniprésente et se manifeste chaque jour. Les gangs multiplient leurs activités criminelles, semant la terreur dans les rues et aggravant encore l’insécurité. Les violences sexuelles sont courantes, en particulier à l’encontre des jeunes adolescents, et deviennent presque une norme dans cette zone.
En plus de cette violence psychologique et physique constante, la population subit des conditions de vie déplorables, extrêmement précaires. Les familles souffrent de la faim, elles sont confrontées quotidiennement à un manque crucial d’eau potable et à une malnutrition chronique.
De nombreux jeunes, surtout des garçons, n’ont d’autre choix que de rejoindre les gangs pour échapper à cette misère. La tentation de s’engager dans des bandes armées devient, dans de nombreux cas, la seule voie de survie.
Face à cela, les écoles du groupe scolaire Saint-Alphonse continuent de maintenir leurs portes ouvertes pour accueillir près de 1000 élèves.
Une situation sanitaire déplorable
La situation sanitaire est également catastrophique. Les services de santé sont quasi inexistants dans la Cité Soleil. Il n’y a plus d’hôpital public et les infrastructures sanitaires sont totalement inexistantes.
Les habitants sont livrés à eux-mêmes pour faire face à la maladie, aux infections et aux épidémies fréquentes. L’accès aux soins de santé est devenu un luxe que peu peuvent se permettre.
Transports et déplacements compliqués
Les difficultés ne s’arrêtent pas là : les habitants rencontrent également de sérieux problèmes pour se déplacer. Les infrastructures de transport sont dégradées, ce qui complique considérablement la recherche d’un emploi ou même la possibilité de mener des activités économiques informelles, comme les petits commerces, appelés localement « démêlés ».
Les routes sont dans un état lamentable rendant tout déplacement ardu et parfois dangereux.
L’accès à l’école Saint-Alphonse, située dans le Projet Linthau de la Cité Soleil, est particulièrement compliqué. Les routes d’accès sont envahies de détritus et de boue, empêchant même les motos d’atteindre l’école.
Les enfants et les habitants doivent emprunter les berges d’un canal voisin, noyées dans un magma de déchets, ce qui complique encore les déplacements. Lorsque les pluies sont fortes, ce canal devient impraticable, et le passage à travers la boue et les détritus devient un véritable défi.
Malgré ces conditions de vie extrêmement difficiles, la population de la Cité Soleil, résiliente et déterminée, continue de se battre pour offrir une éducation à leurs enfants.
L’école St Alphonse, havre de paix et de réconfort
Bien que l’éducation reste une priorité au sein de l’école, l’accès au repas chaud quotidien de la cantine scolaire constitue une motivation essentielle et vitale pour ces enfants.
Au moment de Noël, pour se réconforter un peu, les enseignants du préscolaire ont malgré tout voulu maintenir la tradition d’une petite fête, bien modeste, juste de quoi se changer les idées.
Finalement, les plus grands se sont joints à eux. La fête a battu son plein, brève trêve joyeuse dans le quotidien compliqué et souvent douloureux de ces enfants !
Il existe en Haïti un espoir persistant, partagé par un très grand nombre : celui que, un jour, la situation pourra s’améliorer.
Vouloir croire que le pire est derrière et que cette nouvelle année sera meilleure est un sentiment profond qui habite ceux qui, malgré tout, continuent de se battre pour vivre.
En étant présents aux côtés de ces
enfants d’Haïti,
en leur offrant une éducation, un espace sûr,
nous contribuons à leur offrir un avenir porteur d’espoir.
Nous devons et nous voulons rester mobilisés !
Un grand merci de tout cœur à tous ceux qui soutiennent nos écoles et tous leurs enfants en Haïti.
Sans vous, rien ne serait possible !