Reprise des activités scolaires

Dans nos deux écoles de la 2ème chance
Les nouvelles autorités ont imposé la reprise des activités scolaires le lundi 19 février.
Au niveau de nos deux centres de rattrapage scolaires, nous déplorons le pillage de la quasi totalité du matériel scolaire. Il nous faudra reconstituer ce stock dès que possible pour maintenir le bon niveau d’éducation de ces écoles, reconnu par tous.
Après un début timide et quelques jours d’observation, on constate que les effectifs reviennent à la hausse.
A la date du 24 février :
L’école de Turunga compte 185 élèves présents sur 250 inscrits, celle de Buvira en accueille 120 sur 151 inscrits.
Parmi les absents, il y a Gloria, 16 ans. Elle a fait sa première rentrée scolaire en septembre 2024.
Le lundi 24 février 2025, Gloria est revenue à l’école. Aînée de quatre enfants et souffrant d’épilepsie, elle n’avait jamais pu être scolarisée en raison de la situation économique difficile de sa famille. Elle a intégré l’école cette année, marquant ainsi sa première expérience scolaire.

Dans un témoignage poignant, Gloria partage son histoire tragique :
Le 8 janvier, sa famille a été attaquée par dix bandits armés. Ils ont tué deux personnes sur une parcelle voisine et ont forcé la porte de la maison de Gloria. Le père de Gloria a été enlevé et reste introuvable encore à ce jour. Les bandits se sont ensuite acharnés sur Gloria et sa maman, les violant sauvagement l’un après l’autre, tous les dix.
Hélas pour elle, Gloria a découvert récemment qu’elle est enceinte des suites de ces viols.
Le 24 février, elle a expliqué son absence à l’école, soulignant la lourdeur de cette grossesse non désirée.
Les enfants déplacés de guerre
Tous les après-midi, nos deux écoles de Turunga et de Buvira scolarisaient les enfants des camps de déplacés de guerre voisins.

Aujourd’hui, il n’y a plus de camps. La plupart des déplacés se sont réfugiés au sein de familles d’accueil, d’autres occupent des salles de classe, des églises ou des salles communes, d’autres encore ont essayé de rejoindre leur village d’origine.
Néanmoins, parmi les enfants du site Ave Maria que l’on scolarisait depuis mars 2023, nombreux sont ceux qui sont revenus. Le 24 février, les activités ont repris pour 121 d’entre eux.
Shilo a 7 ans.
Au début de l’offensive du M23, sa famille a fui le site de déplacés de guerre Ave Maria et s’est réfugiée chez une famille d’accueil.
Depuis le 26 janvier, ils sont restés piégés dans une situation de survie. Les activités ont cessé et la famille d’Emmanuel s’est retrouvée sans rien, sans nourriture, dans une période de grande précarité.
« Nous avons passé tout ce temps enfermés, sans rien. Maman se contentait de nous donner de l’eau sucrée chaque jour, et c’était tout. »
Mais ce n’était que le début. Comme tant d’autres enfants, Shilo a été témoin d’événements incroyablement violents. Les premières bombes, larguées par les rebelles avant leur attaque, ont frappé la région avec une brutalité impensable. Il a vu des scènes qui resteront gravées dans sa mémoire à jamais.
« Les bombes ont coupé la jambe et le bras du frère de mon ami Ghislain, elles ont détruit leur maison. La Croix-Rouge est venue enterrer les victimes sur place, devant nos yeux. Nous étions curieux mais une peur indescriptible nous paralysait. »
Les nuits étaient encore plus difficiles. Le bruit incessant des balles et des combats rendait chaque nuit insupportable.
La situation sanitaire était également catastrophique. Comme beaucoup d’autres, Shilo a souffert de la faim et du manque d’hygiène. Pourtant, il a montré une force incroyable pour tenir bon, chaque jour.
« Pendant tout ce temps, j’étais tellement inquiet de ne plus avoir ma bouillie à l’école. Mais aujourd’hui, me voici encore ici, malgré tout. »

Ces témoignages incarnent un bel exemple de courage et de résilience.
Ils nous rappellent aussi l’importance de soutenir ces enfants, de les accompagner dans leurs épreuves et de leur offrir un environnement où ils pourront se reconstruire.
Nombreux sont ceux qui espèrent trouver eux aussi dans nos structures un espace de soutien et de guérison qui leur permettra de surmonter ces défis et d’avancer vers un avenir meilleur.


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