Entraide, résilience et adaptation
Cinq mois après la prise de Goma par le M23, dans un climat de peur persistante, enfants et familles font preuve d’une résilience remarquable, puisant une force insoupçonnée pour continuer à avancer.
Face à l’adversité, ce sont les liens humains qui les soutiennent. L’entraide communautaire et le soutien émotionnel leur permettent de donner du sens à l’adversité. Ce constat nous a conduits à repenser notre approche et à adapter notre manière de travailler.

Les enfants, en particulier, peuvent s’appuyer sur leur imagination, les liens affectifs et, parfois, l’éducation comme sources de stabilité et d’espoir. Cette résilience n’efface pas la souffrance, mais elle permet de survivre, de se reconstruire, et parfois même de grandir à travers l’épreuve.
Reprise des activités au centre Aprojed
Durant les premiers mois qui ont suivi la prise de Goma, la présence des jeunes démobilisés au centre de formation représentait un réel risque pour eux. Pour garantir leur protection, nous les avons répartis en petits groupes dans différents ateliers de menuiserie de la ville.
Il était essentiel pour nous de nouer des contacts et d’établir une relation de confiance avec les nouvelles autorités. Aujourd’hui, nous collaborons dans le plus grand respect mutuel.
Installés à plusieurs dans ces ateliers, les enfants ont pu continuer à travailler grâce à la mise à disposition d’outils et de planches. Des animateurs leur rendaient visite deux à trois fois par semaine pour s’assurer de leur sécurité et qu’ils allaient bien.
Fin mai, c’est avec une immense joie qu’ils se sont enfin retrouvés tous ensemble au centre de formation. Ou presque tous… Un moment de silence et d’hommage a été consacré à Jospin, retrouvé mort quelques jours après la prise de la ville.

Dix enfants ne sont pas revenus. Des démarches sont toujours en cours pour tenter de les localiser.
Nous avons pu trouver la maman de Joël.
Elle nous a expliqué que son fils a dû fuir à Beni. Il était activement recherché par les éléments du M23 et a échappé par deux fois à leur emprise. Apprenant qu’il était l’objet de dénonciation de la part de certains voisins, il est parti fin février chez sa tante maternelle. Il ne reviendra à Goma que lorsque la paix sera rétablie.
À la recherche d’Henriette, l’une de nos quatre filles, nous avons obtenu des informations par des voisins. Après la prise de Goma par le M23, sa famille a été confrontée à une visite de bandits armés. Ces derniers ont tué le père de famille, qui était le seul à subvenir aux besoins du foyer. Face à cette tragédie,sans ressources, la mère n’a pas pu rester à Goma. Elle a décidé de retourner avec ses enfants à Masisi, leur village d’origine, pour cultiver la terre.
La grand-mère d’Exaucé nous a informés de ce qui était arrivé à son petit-fils. Le deuxième jour du conflit, un ami est venu lui proposer de sortir brièvement afin de s’informer sur la situation. Après avoir parcouru quelques mètres à peine, ils ont aperçu des éléments du M23. Pris de panique, ils ont pris la fuite. En les voyant fuir, les combattants les ont suspectés et se sont lancés à leur poursuite, ouvrant le feu sur eux. C’est à ce moment-là qu’Exaucé a été touché par trois balles à l’abdomen. Il a été admis à l’hôpital général de référence, où il est encore hospitalisé aujourd’hui. Nous continuons à suivre son état de santé avec attention et gardons espoir en sa guérison complète.
Des temps d’écoute ont été nécessaires et mis en place. Ils avaient tous besoin de raconter ce qu’ils avaient traversé à ceux qu’ils n’avaient pas revu depuis le mois de janvier.
Ils avaient aussi très envie de retrouver les séances de cours théoriques.

Aujourd’hui, ils veulent croire en des lendemains meilleurs.
Ils sont convaincus que c’est grâce à cette formation et à l’ensemble de l’éducation qu’ils reçoivent qu’ils pourront transformer les armes en marteaux selon l’expression entendue au Centre.
Nous exprimons notre profonde gratitude à tous les donateurs qui rendent cela possible. Grâce à votre générosité, vous ne soutenez pas seulement un projet : vous changez des destins.
Un grand merci de tout cœur à tous ceux qui soutiennent l’atelier de formation Aprojed et tous ses apprentis.
Sans vous, rien ne serait possible !
Ils ont besoin de vous !
A partir de 10 € par mois seulement, vous pouvez parrainer les enfants soldats démobilisés en formation de menuiserie à Goma.Vous offrirez ainsi à ces jeunes très vulnérables la possibilité d’apprendre un bon métier et de reconstruire ainsi leur vie brisée.

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