Le calvaire de tout un peuple
Personne ne pouvait rester indifférent face à cette colère de la nature. Comment ne pas se sentir concerné ?Haïti a été dans le cœur de tous les peuples de la terre.
Les catastrophes naturelles demeurent des ennemis communs.
Plus de 250 000 êtres humains emportés, des milliers d’enfants et de jeunes amputés, d’innombrables blessés…
Les rêves envolés, la quasi-totalité du PIB du pays perdue…
La réalité fracassante du séisme a terrassé une population affolée, démunie et à court d’idées face au désastre, incapable dans un premier temps de penser ou de réagir.
Le séisme du 12 janvier 2010 n’a pas eu de pitié. Aucun préjugé entre les humains. Où que l’on soit en Haïti, de l’ouest jusqu’au sud-est, on était concerné.
Riche ou pauvre, nous avons tous été visités. C’était la carte parfaite d’égalité au sein de la société.
Carline Jacques, survivante du séisme
Aujourd’hui, Carline a 37 ans. Elle a été sauvée de justesse du fond des décombres. Ce 12 janvier 2010, elle revenait du bas de la ville de Port-au-Prince. Elle revendait des produits d’occasion dans son propre local au marché de la Croix-des-Bossales.
A peine rentrée, elle se hâtait de préparer de la nourriture pour ses trois enfants et son mari.
Il est 16 h 53.
Elle n’a pas eu le temps de distribuer les bols. Dans moins d’une minute, ce sera l’apocalypse.
Jonas, son fils âgé de moins de un an, dormait tranquillement dans sa chambre. Il n’allait plus revenir à la vie. Il a été écrasé par les blocs de béton que le tremblement de terre a fait tomber sur lui.
Se deux filles Carmène et Joselène ont eu la vie sauve parce qu’elles étaient par chance à l’extérieur de la maison. Joseph, son mari, revenait du chantier où il prêtait sa force comme ouvrier. Il ne pouvait retenir ses larmes. Pour lui, il n’avait plus ni femme ni fils.
Il n’y avait aucun moyen de croire que Carline était encore en vie.
Joseph et ses deux filles ont passé la nuit en larmes sous les étoiles. Très tôt le lendemain, ils se sont remis à la recherche de Jonas et Carline.
Après maints efforts et beaucoup de temps, ils ont pu trouver une brèche permettant d’apercevoir le petit garçon allongé et accroché entre des morceaux de bétons. Ils l’ont retrouvé, mais sans vie.
Quant à Carline, après avoir longtemps lutté puis perdu tout espoir, elle a réussi à signaler sa présence le jour suivant le séisme. Elle a été dégagée aux environs de 16 h après avoir passé près de 24 h sous les décombres. Au regard de ce qui aurait pu lui arriver, les blessures sont légères : les deux mains et un pied cassés. Après maintes péripéties, elle a récupéré l’usage de son pied mais a perdu une de ses deux mains.
Carline vit désormais à Canaan
A l’inverse du Canaan du peuple Hébreu, symbole de quiétude, terre fertile où coule du lait et du miel selon les promesses de Dieu à Moïse, Canaan en Haïti est une zone montagneuse quasi désertique transformée en camp d’hébergement pour de nombreuses victimes du tremblement de terre venant de diverses communes de Port au Prince.
Cette zone est actuellement habitée par près de 300 000 habitants. Dès l’arrivée des premiers réfugiés, beaucoup de citoyens ont prédit les dangers que ce nouveau bidonville risque de représenter.
En effet, Canaan se situe à l’entrée nord de Port-au-Prince. Elle est la principale voie d’entrée de quatre grands départements vers la capitale. Les habitants de cette zone sont des gens particulièrement marginalisés et dépourvus de tout pouvoir économique.
Il est facile de comprendre l’orientation de cette zone. Canaan se trouve dans une position stratégique pour les bandits. Il figure parmi les quartiers les plus dangereux du pays.Tous les services d’Etat sont absents. Les chefs de gangs s’y mesurent déjà.
C’est là que vit Carline, seule aujourd’hui avec ses deux enfants.
Suite au séisme, son mari a été emporté par le choléra faute de soins rapides. Avant de mourir, Joseph avait juste eu le temps de transformer l’espace délimité par des bâches qui leur avait été attribué en une petite maison en béton recouverte de tôles.
Carline vit depuis ce jour dans ces deux petites pièces, sans travail, sans projet, sans avenir. Elle survit grâce aux voisins, aux amis et frères et sœurs d’Eglise.
Pour aider Carline et toutes les familles qui comme elle essaient de reprendre pied dans un pays où plus aucun espoir ne semble aujourd’hui permis, vous pouvez faire un don alimentaire et contribuer ainsi à assurer leur survie