Destruction de l’école Bumi de Karavia !
Peu après la reprise des classes en RDC, l’ONG Bumi a fait l’objet d’une attaque violente et destructrice de son école communautaire de Karavia ainsi que de maisons d’accueil abritant des orphelins, des jeunes en difficulté ainsi que des filles-mères en réinsertion sociale.
Une action tout à fait sidérante dont les origines remontent à plus de 20 ans.
A cette époque, Karavia se situait alors dans une brousse et les terrains acquis par Bumi ne valaient pas grand-chose. Au fil des années, la ville de Lubumbashi s’est agrandie jusqu’à engloutir Karavia, ce qui a fait exploser les prix.
Depuis 2006, la propriétaire d’un terrain se trouvant en face de notre école primaire de Karavia prétend que la parcelle où est construite l’école serait le prolongement de son terrain, et ce malgré l’existence d’une route publique qui les sépare.
Convoitise, appât du gain et méchanceté
Excitée par les perspectives de profit, cette dame n’a cessé de convoiter cette parcelle et a tout mis en œuvre pour parvenir à ses fins. Plusieurs actions en justice se sont ainsi succédé, y compris une tierce opposition de l’État congolais pour la question de la route publique qui sépare les deux terrains.
A l’heure actuelle le dossier est au niveau de la Cour Suprême.
Malgré que la procédure soit toujours en cours, cette personne a organisé la démolition de l’école, en complicité avec des autorités politico-judiciaires.
Cette attaque a eu lieu en pleine heure de cours, alors que tous les enfants étaient en classe et sans nous prévenir, la « sommation » nous ayant été remise après la démolition.
Pour rappel, selon les lois de la République, lors d’un conflit avec une école, l’exécution est interdite pendant l’année scolaire.
Démolition sauvage de plusieurs bâtiments
Chose plus grave, le bulldozer ne s’est pas arrêté à la démolition de l’école. Il a continué son travail de destruction, dépassant les bornes qui délimitent le terrain en conflit et détruisant nos maisons d’accueil sur un terrain dont nous disposons sans conteste d’un certificat de propriété.
Ceci a eu lieu en toute illégalité et dans la plus grande impunité. Les 60 policiers déployés sur place ne s’occupaient que de nous empêcher de protéger nos biens, frappant les enfants, saccageant les lieux et volant le maximum de matériel.
Tant de biens sociaux destinés aux plus défavorisés…
Parmi les bâtiments détruits, il y avait :
– une école de 6 salles de classe construite par SOS Enfants
– un bloc sanitaire récemment remis à neuf
– une maison d’accueil pour une trentaine de jeunes garçons
– une maison d’accueil pour 5 jeunes mères isolées et leurs 16 enfants en bas âge
– un puits d’eau potable ouvert à la population du quartier.
Justice pour les orphelins et enfants vulnérables
Au-delà du problème de logement et de scolarisation de tous ces enfants, nous interpelons les autorités de notre pays pour que cette action détestable et illégale ne reste pas impunie et que justice soit rendue aux orphelins et aux enfants vulnérables.
Une marche pacifique
A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, une marche pacifiste a été menée par le personnel encadrant de Bumi accompagné des enfants dans le but de dénoncer cette attaque mais aussi de demander réparation et soutien aux autorités congolaises.
Aide de la Ministre des Affaires Sociales
Suite à cette tragédie qui touche Bumi et les enfants, Madame la Ministre Provinciale des affaires sociales, sensible à la cause des plus vulnérables, est venue apporter son aide en biens de première nécessité et s’enquérir des conditions de vie des enfants.
Soutien de l’UNICEF
L’UNICEF RD Congo s’est également mobilisé et a manifesté son soutien par un don de tentes et de kits scolaires.
Cette aide permet aux enfants de Bumi, mais aussi à plus de 300 élèves de la communauté avoisinante, de poursuivre leur scolarité dans des conditions décentes, protégés des intempéries.
Les tentes ont été installées au sein même du Village d’Enfants pour éviter tout autre conflit sur le terrain de l’école. Cela représente évidemment un travail logistique important durant les récréations et au niveau des entrées et sorties des enfants externes.
Mais de cette façon, les enfants peuvent être tranquilles, ils sont rassurés.
C’est bien évidemment une solution provisoire durant les démarches judiciaires qui risquent de prendre du temps…
Mais nous sommes soulagés car les enfants peuvent à présent étudier dans des conditions décentes. Les nouveaux kits scolaires qui ont été distribués leur ont mis un peu de baume au cœur !
Bumi ne baisse pas les bras et continuera de se battre afin que justice soit rendue aux enfants.
Un grand merci à tous ceux qui nous soutiendront dans ce combat !