Grave crise politique en Haïti
Haïti subit actuellement une crise politique comme le pays n’en a pas connu depuis longtemps.
Le Président de la République refuse de quitter le pouvoir alors que son mandat a pris fin le 7 février.
Les manifestations, la violence s’installent dans le quotidien des familles.
Le bidonville de Cité Solei a été paralysé durant tout le mois de février. Les écoles ont du fermer leurs portes. Se déplacer était devenu beaucoup trop risqué. On pouvait se retrouver à tout moment dans des échanges de tirs, être pris pour cible.
Les parents hésitent à mener leurs activités économiques et à sortir. Pourtant il le faut bien, si le soir ils veulent donner quelque chose à manger à leur enfants.
Les écoles St-Alphonse résistent
L’école de Cité Soleil
Début mars, une sorte de compromis s’est établi avec les gangs pour permettre aux écoles de reprendre leur travail à Cité Soleil.
Les parents ont hésité à laisser les enfants se déplacer dans le bidonville. Néanmoins, le désir d’apprendre, l’espoir de trouver un repas à l’école encouragent les enfants. On les a vus revenir peu à peu. Aujourd’hui, ils sont 583 présents à l’école St-Alphonse de Cité Soleil.
L’école de Fourgy La Plaine
A l’école St-Alphonse de Fourgy, en périphérie du bidonville, la situation est restée un peu plus calme. Le nombre d’élèves s’est stabilisé à 285 élèves.
L’inquiétude, le sentiment d’insécurité occupent tous les esprits mais le temps passé à l’école permet un peu de répit.
Un pays à la dérive
En essayant de suivre l’actualité, on ne peut que constater la dérive du pays et l’immobilité de ses institutions qui restent paralysées.
Massacres et kidnappings
Le pays est entièrement sous le contrôle de gangs, tolérés par le pouvoir en place. Ceux-ci sévissent dans la plupart des quartiers populaires. Ils y multiplient les massacres, terrorisant la population et l’empêchant de sortir manifester.
Parallèlement, les actes de kidnapping s’intensifient, semant la peur et le stress parmi la population. Aucun secteur n’est épargné : entrepreneurs, élèves, docteurs, avocats, policiers, juges, religieux, enfants, petites commerçantes ou chauffeurs… Ou bien la famille paie une rançon exorbitante, ou bien l’otage est éliminé. A Cité Soleil, une fillette de cinq ans vient d’être assassinée. Sa mère est une pauvre marchande de cacahuètes handicapée.
Fin du mandat présidentiel non respectée
Dans la pratique, toutes les instances du pays reconnaissent la fin du mandat présidentiel au 7 février 2021, selon la constitution haïtienne. La grande majorité de la population le pense aussi.
Mais l’ex-président Jovenel Moïse refuse de quitter le pouvoir. Il a éliminé ou réduit toutes les institutions démocratiques, tel le parlement en janvier 2020, la cour des comptes et du contentieux administratif, le système judiciaire et la police.
On le soupçonne même de contrôler certains de ces gangs qui sèment la terreur.
Depuis le 7 février, manifestations, marches et blocages de quartier se multiplient, sans cesse réprimés par la police et la milice, à coup de gaz lacrymogène, de tirs à balles réelles ou en caoutchouc. Les arrestations sont nombreuses, les victimes, les blessés et les disparitions sont innombrables.
A notre niveau, nous ne pouvons qu’espérer que nos écoles puissent rester ouvertes, qu’elles restent ce refuge et ce lieu d’accueil protégé des enfants de Cité Soleil et de Fourgy La Plaine.
Ces enfants d’Haïti ont plus que jamais besoin de notre soutien.
Un grand merci de tout cœur à tous ceux qui soutiennent nos écoles et tous leurs enfants en Haïti.
Sans vous, rien ne serait possible !