Accompagner les enfants autant que nécessaire
Il arrive que des situations d’enfants ayant trouvé refuge dans la rue ne se résolvent pas. L’éclatement de la famille, des désaccords profonds et des accusations de sorcellerie inextricables … le temps passe et, plus il passe, plus la réunification familiale devient difficile.
L’enfant perd confiance en les adultes et se renferme sur lui-même. La rue devient alors son seul horizon.
Les « Grands Jeunes » de la rue
C’est pourquoi nous restons aux côtés des « Grands Jeunes » vivant encore dans la rue.
Ces jeunes, nous les connaissons bien. Combien de tentatives non abouties pour retrouver un cadre familial bienveillant ?
Ndako Ya Biso reste pour la plupart d’entre eux le refuge où l’on vient chercher un peu de réconfort.
Nous les accompagnons par le biais de plusieurs activités afin de les faire sortir de la rue et de leurs dépendances. Depuis un certain temps, une réflexion s’enrichit dans le domaine de l’agriculture.
Un grand terrain disponible
Nous disposons d’un très grand terrain sur le plateau des Bateke dont une belle surface est destinée à initier les grands jeunes à l’agriculture et au reboisement.
A plusieurs reprises, nous y avons emmené un groupe de jeunes pour un petit séjour. Un retour à la nature loin des rues agitées de Kinshasa, mais aussi un temps nécessaire et propice à la réflexion.
Plantation d’une haie d’eucalyptus
Ils ont manié la pioche et la houe, labouré et sarclé les champs, cultivé du manioc et planté une grande haie de 1000 eucalyptus pour border le terrain.
L’expérience a montré que ce contact profond avec la nature, assorti d’un accompagnement attentif, leur a permis de retrouver un certain équilibre.
Renouvèlement de l’expérience agricole
Ces derniers mois, les quartiers populaires de Kinshasa ont connu beaucoup d’agitation. Plusieurs jeunes ont été arrêtés. De nombreux affrontements entre des bandes ont eu lieu et occasionné le décès des quatre jeunes, dont l’un de nos lauréats de cette année.
Dans un souci d’apaisement, nous avons jugé opportun de proposer à nos « Grands Jeunes » de partir durant une semaine sur le plateau des Bateke afin de participer à l’entretien des plantations.
Au programme, il y avait le travail manuel mais aussi des écoutes individuelles, des focus-groupes et des formations à l’estime de soi, des séances de sensibilisation sur l’usage des drogues.
Loin de l’enfer de la rue, travail et détente
Nos jeunes sont très forts mais c’était la première fois qu’ils travaillaient avec la houe. Dès le premier jour, les ampoules sont apparues aux mains ! Comment poursuivre le travail ? Il fallait remonter le moral à chaque fois. Montrer aux jeunes la beauté de ce qui était fait, chaque mètre de progression encourage les jeunes.
Les arbres sont espacés de 3 mètres les uns des autres. L’objectif était de sarcler un rayon d’un mètre autour de chaque arbre. Les jeunes ont mis toutes leurs forces dans ce travail harassant sur un terrain de près de 3km de long.
Les éducateurs devaient être présents pour anticiper les conflits qui pouvaient surgir sous l’effet de la fatigue.
Les taquineries motivaient et donnaient la cohésion dans l’équipe.
Une journée pluvieuse a été consacrée à la récolte du manioc planté il y a une année. Une très belle expérience pour les jeunes qui consomment du manioc tous les jours mais ignorent tout de sa culture.
L’un des moments privilégiés a été le film : l’héroïne de l’Ouganda.
Le film raconte la vie d’une fille qui avait élu domicile dans la rue avec toute sa famille. Elle est parvenue à s’en sortir grâce à l’accompagnement et à sa passion pour le jeu d’échecs.
Une expérience riche et profitable
Avant le retour, l’un des jeunes a dit : « j’ai passé un moment inoubliable. Une semaine sans alcool ni drogue. Je sais maintenant que c’est la tentation qui nous pousse à faire le mal. J’ai découvert que je peux faire l’agriculture… J’ai d’autres potentialités. »
Un autre a ajouté qu’ils avaient été préservés du vol et des autres abus qu’ils connaissent dans la rue.
Ils étaient tous très heureux de ces jours passés à la campagne.
Très fiers d’avoir débroussaillé les 1000 eucalyptus de mauvaises herbes aux racines parfois très profondes, mais aussi d’avoir planté 200 nouveaux eucalyptus pour remplacer ceux qui n’avaient pas bien poussé.
Les jeunes ont admiré le calme et l’accueil qu’offrait le cadre. Kinshasa est un milieu tellement bruyant ! Ils ont pu expérimenter ce que peuvent être le silence et le travail.
Cette expérience a été enrichissante pour chacun.
Ndako Ya Biso renouvellera ce type d’action. C’est une pause dans la vie stressante, dans la violence des rues de Kinshasa. Le travail réalisé est aussi très gratifiant. Il rend l’estime de soi à ces garçons qui avaient perdu toute confiance et tout espoir.
Peut-être un nouveau démarrage pour certains d’entre eux…
Pour les aider, n’hésitez pas à faire un don ou à parrainer l’action du Centre Ndako Ya Biso.