Toute la nuit du 25 au 26 novembre 2019, une pluie diluvienne s’est abattue sur la ville de Kinshasa, faisant des dégâts considérables dans cette ville immense, entièrement construite sur du sable. Des collines entières se sont effondrées et des rivières, non curées depuis des années, ont largement débordé de leur lit, envahissant toutes les maisons proches.
Ainsi, dans la commune de Makala, on dénombre plusieurs décès.
A côté de notre centre pour enfants de la rue, une maman et son enfant ont été écrasés par un glissement de terrain.
Un peu plus loin, ce sont cinq jeunes enfants qui ont été engloutis, dont trois de la même famille, une famille que nous connaissons bien car nous y avons réunifié un enfant. Ce jeune est âgé aujourd’hui de 18 ans, nous le suivons toujours, il est actuellement en formation professionnelle de mécanique automobile dans un garage.
Des conditions de vie bien misérables
La maison de cette famille était très petite. Construite en briques et en tôles en 2004 sur une petite terrasse d’une haute colline, elle faisait 5m sur 6 à peine. La grand-mère y vivait avec deux de ses filles, l’une avec six enfants et l’autre avec trois enfants. Une très nombreuse famille de 12 personnes dans 30m².
Cette nuit là, cinq enfants dormaient dans une des trois pièces de la maison. Naomie 16 ans, Betya 13 ans, Nodé 4 ans et leurs cousins Daniela 10 ans et Arnold 3 ans, cinq innocents qui ne se réveilleront plus.
Le drame
A 5h30 du matin, toute la colline au dessus de la maison s’est effondrée. Le mur de la chambre des enfants n’a pas pu résister et les cinq enfants ont été engloutis dans un torrent de boue sans que personne ne puisse les sauver.
Aujourd’hui, la maison est toujours là. On peut voir que le linteau a résisté mais tout le mur du côté de la colline s’est effondré et a disparu sous des monceaux de boue.
Les autorités congolaises ont marqué leur sympathie. Un député et un représentant de la commune sont venus constater les dégâts et compatir à la souffrance de la famille. Ils ont promis que l’état congolais allait prendre en charge le deuil et le soutien aux familles éprouvées.
Une situation inextricable
Mais aujourd’hui, deux semaines après le drame, les corps des cinq enfants sont toujours à la morgue. La famille est complètement bloquée dans son deuil, sans possibilité de reprendre ses activités. Nous avons contacté la commune et le député. Ils nous ont dit que les autorités nationales avaient été informées et que l’on attendait leur décision. Mais peut-on faire attendre si longtemps pour un deuil aussi cruel ?
L’érosion de la colline menace maintenant le reste de la maison. Lors de notre passage, des travailleurs crépissaient un mur de la maison adjacente, inconscients du danger. Car personne ne se préoccupe du fait que la colline risque à tout moment de s’effondrer encore, la terre n’étant pas du tout stabilisée.
Quand nous avons interrogé la famille, celle-ci ne voyait pas d’autre solution que de déblayer la terre de leur maison pour reconstruire le mur. Nous leur avons dit que la colline risquait à tout moment de s’effondrer encore. Hélas, leur réponse laisse sans voix… « Il faudrait trouver une autre parcelle ailleurs, mais jamais nous ne pourrions en trouver les moyens, alors que pouvons-nous faire ?… »
Que pouvons-nous faire quand le malheur frappe les plus vulnérables ?