Une population meurtrie
On ne sait vraiment plus comment qualifier ce que vivent les Haïtiens.
Comme si les assassinats, les kidnappings ne suffisaient plus à l’horreur quotidienne que subit la population, c’est le Président de la République d’Haïti Jovenel Moïse qui a été assassiné dans sa chambre le 7 juillet.
Cet acte est venu encore davantage déstabiliser la société.
Le calendrier de l’année scolaire avait déjà du évoluer en raison des fermetures des écoles imposées tant par l’insécurité que par l’épidémie du Covid.
Les 15 jours de deuil national décrétés sont encore venus le bousculer.
La tenue des examens officiels a du être reportée.
Malgré toute notre détermination, nous avons du nous résigner à fermer en juin l’école St-Alphonse de Cité Soleil.
L’insécurité était trop grande dans le bidonville. La sécurité des enfants et des enseignants n’était plus du tout assurée.
Les élèves des classes d’examen se sont déplacés à l’école St-Alphonse de Fourgy.
L’ancien directeur de Saint-Alphonse, Ricot Pierre avec qui nous avons créé, il y a quelques années, une école ouverte aux enfants vivant en domesticité à Croix des Bouquets, nous écrit :
En effet, c’est un amour profond et réfléchi qui vous a poussé à vous solidariser avec les enfants d’Haïti.
C’est un cri de cœur qui vous a dit que les femmes et les pères délaissés en Haïti ont au moins besoin d’éduquer leurs enfants. C’est un sentiment très très profond que vous manifestez par votre contribution sans relâche contre cet enfer qui enflamme des milliers de petites filles et de petits garçons. Ces innocents ne sont victimes que du très grand péché de leurs parents : leur pauvreté et leur exclusion sociale, juste parce qu’ils sont haïtiens.
Si aujourd’hui encore, quoique au milieu de l’abime, l’espoir reste encore bien vivant, c’est grâce à vous.
Et au nom de toutes ces centaines d’enfants et de familles, à Cité-Soleil et à Croix-des-Bouquets, nous vous disons merci.
Merci d’être présents dans nos vies pour nous soutenir.
Merci de ce que vous exprimez plus d’amour quand ça va plus mal chez nous.
Merci de ce que vous essayez de nous comprendre, de nous supporter, au lieu de nous juger, ou peut-être nous condamner.
Les mots sont difficiles à trouver pour qualifier la dimension du mal qui nous assaille tout au long de cette année.
Nous vivotons. Nous ne vivons pas.
Nous sommes tous en prison dans une société extrêmement violente et cruelle.
Nous perdons de nos potentiels à tous les niveaux.
Rien ne se porte bien, car nous ne le sommes pas non plus. Bien que responsables, mais ça ne dépend pas toujours de nous.
Nous ne sommes plus libres à Port-au-Prince.
Nous sommes contraints d’évoluer au rythme de ce qui est permis.
Mais ce qui est peut-être une bonne nouvelle, nous sommes bien debout et présents au côté de nos enfants, travaillant et espérant le beau temps.
L’école reste le seul lieu où les enfants peuvent s’épanouir et vivre une vie d’enfant.
Ces enfants d’Haïti ont plus que jamais besoin de notre soutien.
Continuons ensemble à tout mettre en œuvre pour que ce temps leur soit préservé et qu’ils puissent croire en un avenir meilleur.
Un grand merci de tout cœur à tous ceux qui soutiennent nos écoles et tous leurs enfants en Haïti.
Sans vous, rien ne serait possible !