Saint-Alphonse n’est pas épargné
Jusqu’à ce jour, l’école Saint-Alphonse en Haïti nous avait habitués à d’excellents résultats pour ses élèves, que ce soit au Baccalauréat ou à l’examen de Fin de Tronc Commun, l’équivalent de notre Brevet des collèges.
Les choses sont bien différentes cette année. Pour l’édition 2023, le taux de réussite au baccalauréat n’atteint pas 30% à Port-au-Prince. À Cité Soleil, c’est encore pire. Le lycée National enregistre un taux de réussite de 0% et l’école Saint-Alphonsel à peine 13%.
Il est difficile de s’attendre à un résultat différent dans un pays en proie à une désintégration constante. Depuis le début de l’année, rien qu’à Port-au-Prince, on déplore 2500 assassinats et 1400 cas de kidnapping. On peut seulement imaginer l’ampleur de ces chiffres à l’échelle nationale.
La population se soulève contre les gangs, mais leurs actions restent vaines. En fin de compte, ce sont les gangs qui contrôlent le pays, laissant les familles sombrer dans la faim et le désespoir.
Un rappel sur ce qu’est Cité Soleil
Située au nord de Port-au-Prince, cette commune, comprend 34 quartiers sur une superficie de 21 km² et abrite plusieurs centaines de milliers d’habitants.
Cité Soleil est un vaste bidonville aux multiples problèmes socioéconomiques, notamment une extrême pauvreté, un chômage massif, une promiscuité importante, une économie informelle, des conditions sanitaires déplorables et une insécurité alimentaire grandissante.
La situation s’est encore détériorée au cours des deux dernières années avec la division de la Cité Soleil en deux zones, séparées par la route neuve.
La partie Ouest, près de la mer, est sous le contrôle d’un puissant gang, G-Pèp, tandis que le regroupement de gangs G-9 règne sur la partie Est.
Cette rivalité s’est intensifiée après l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moïse en 2021.
Insécurité alimentaire accrue
Les conditions de vie continuent de se dégrader, avec une insécurité alimentaire croissante, des prix alimentaires en hausse constante et une fermeture de la frontière dominicaine qui limite l’approvisionnement en produits alimentaires essentiels.
Situation sanitaire catastrophique
En raison du manque d’entretien des canaux, les inondations sont fréquentes. Les routes sont obstruées par de nombreux détritus et une grave pénurie d’eau potable s’ajoute à ce triste tableau.
Les maladies se propagent rapidement, on note actuellement une résurgence du choléra. L’électricité est rare, le système de soins est quasiment inexistant et le taux de mortalité infantile est élevé.
Insécurité aggravée
Les conditions de sécurité sont effroyables, marquées par une guerre incessante entre les gangs qui contrôlent l’ensemble des quartiers de la Cité Soleil.
Il n’y a plus aucune présence policière à l’intérieur de la Cité. Délits, vols, viols, meurtres et enlèvements sont monnaie courante. Les routes et les carrefours sont occupés par des bandits armés, ce qui rend les trajets dangereux.
Les déplacements dans le bidonville se font à ses risques et périls.
Nombreuses sont les familles qui ont quitté la Cité Soleil pour d’autres quartiers.
La plupart des élèves du secondaire de Saint-Alphonse choisissent de séjourner en semaine en bordure du bidonville, à La Plaine, où se situe l’école de Fourgy.
Ils logent chez des proches ou des amis, cela leur permet de suivre les cours en limitant à la fois les risques et les coûts liés aux déplacements.
Rentrée scolaire timide
Presque toutes les écoles de la Cité Soleil ont fermé leurs portes.
Pourtant, dans ces conditions difficiles, l’école Saint-Alphonse continue d’accueillir les enfants des quartiers environnants, même si les cours sont perturbés par des tirs fréquents.
Employés et enseignants font de leur mieux pour se rendre à l’école, malgré le danger et le coût élevés des transports.
Il est important de noter que, face à l’inflation galopante, leurs salaires sont aujourd’hui bien en deçà du minimum vital. Contraints de survivre avec leur famille dans des conditions précaires, leur dévouement face aux problèmes d’insécurité reste pourtant exemplaire. Lorsque le budget le permet, ils reçoivent un ajustement de salaire, toujours le bienvenu.
Actuellement, l’école St-Alphonse Cité Soleil compte environ 250 élèves, du préscolaire à la 8ème année.
A Saint-Alphonse de Fourgy, les effectifs restent aussi assez faibles. Les cours ont même été suspendus durant plusieurs jours en septembre.
En effet, un chef de gang a été tué avec plusieurs de ses lieutenants par d’autres gangs, appartenant pourtant au même Groupe G-9. S’est ensuivi une grosse tension avec des tirs nourris et plusieurs victimes. Les gangs occupaient toutes les routes et carrefours, notamment à Fourgy. Tout le monde était contraint de se terrer chez soi.
L’école a finalement repris timidement le 2 octobre. Il était temps, chacun attendait impatiemment le retour de la cantine scolaire…
Les écoles du groupe Saint-Alphonse ne peuvent continuer à accueillir les enfants que grâce à l’engagement de tous.
Coûte que coûte, nous devons rester aux côtés de ces enfants d’Haïti !
Un grand merci de tout cœur à tous ceux qui soutiennent nos écoles et tous leurs enfants en Haïti.
Sans vous, rien ne serait possible !