Un pays contrôlé par les gangs
En Haïti,
les écoles ferment et ouvrent au gré des évènements. Tout peut basculer d’une journée à l’autre.
Les gangs continuent de tenir le pays. Ils se font la guerre pour contrôler des quartiers, gagner quelques rues.
Au milieu de tout ce déferlement de violences, dans une profonde indifférence internationale, les enfants ont aujourd’hui beaucoup de mal à se projeter, à imaginer une autre vie que celle qu’ils vivent.
Ces dernières semaines, les gangs reproduisent à la sortie nord de la ville ce qu’ils ont fait sur la route du sud vers Martissant.
Le quartier de Croix des Bouquets est ainsi devenue une zone quasi impraticable avec des tirs fréquents, des kidnappings, violences, incendies de maisons et rackets.
La circulation y est très difficile et très dangereuse, notamment pour se rendre dans les écoles du Groupe Saint-Alphonse à Fourgy et dans le bidonville de Cité Soleil.
Toutes les écoles de cette zone ont dû fermer durant 3 semaines.
L’école Saint-Alphonse de Cité Soleil a pu reprendre tant bien que mal vers la mi-mai, de même que l’école de Fourgy.
Les enseignants et tout le personnel ont accepté de prendre ce risque, non seulement pour tenter de sauver la fin de l’année scolaire, mais également pour assurer aux élèves précieux repas de midi qui reste plus que jamais leur seul repas de la journée.
Nous allons faire de notre mieux pour organiser les contrôles de fin de trimestre assez rapidement dans le courant du mois de juin.
Pour les élèves qui sont en classe d’examen, les dates officielles sont fixées à fin juin et début juillet. Mais reste à savoir si ces dates seront tenues !
Depuis la réouverture des écoles Saint-Alphonse, plusieurs professeurs et de nombreux parents ont quitté le bidonville. Ils sont partis en province, à la recherche de plus de sécurité et de paix.
Entendre les armes retentir nuit et jour, ne pas savoir si l’on va rentrer sain et sauf chez soi entraîne des traumatismes graves.
Le petit commerce de rue dont dépend un grand nombre de familles de St Alphonse fonctionne au ralenti. La plupart des parents sont au chômage, ils ne trouvent plus de quoi préparer même un semblant de repas le soir.
Selon la situation du matin ou selon comment la nuit s’est passée, les enfants prennent le risque ou pas de venir à l’école.
La semaine dernière, environ 20 à 25% des élèves du secondaire étaient encore absents. Certains viennent un jour et ne peuvent revenir le lendemain.
Il faut en effet faire preuve de détermination et de beaucoup de courage pour se déplacer et se rendre à l’école. C’est d’autant plus vrai pour les élèves et les enseignants qui n’habitent pas à proximité et doivent effectuer un long trajet chaque jour. Les gangs organisent des « check points » sur les routes pour racketter des gens qui ont déjà à peine de quoi survivre.
Et pourtant, venir à l’école permet à ces enfants d’avoir un temps de paix dans un milieu sécurisé où tout est mis en œuvre pour les protéger.
Rester aux côtés de ces enfants d’Haïti est notre priorité.
Ils n’ont que nous sur qui compter !
Un grand merci de tout cœur à tous ceux qui soutiennent nos écoles et tous leurs enfants en Haïti.
Sans vous, rien ne serait possible !