Un Noël pour les enfants dits sorciers
Partout dans le monde, on aime passer Noël en famille.
Mais qu’en est-il pour les enfants accusés de sorcellerie et jetés à la rue, qu’en est-il pour les enfants en prison ?
Chaque année, le centre Ndako Ya Biso fait en sorte que les enfants puissent passer cette journée dans une famille. Il faut trouver celles qui accepteront d’accueillir un enfant et surtout rassurer nos enfants des rues pour qu’ils s’y rendent en toute confiance.
Une journée festive, chacun dans une famille
Le 24 décembre, 40 enfants se sont retrouvés au centre à partir de 16h. Ils étaient 28 garçons et 12 filles.
Nous leur avons donné de beaux vêtements et tout le monde est parti à la messe de Noël. Les parents du quartier les ont félicités d’être aussi beaux et propres.
La soirée s’est déroulée dans une ambiance joyeuse et tout le monde a ensuite passé la nuit au centre. Certains ont moins bien dormi. Ils redoutaient le moment de suivre un inconnu qui l’emmènerait chez lui. « Ne vont-ils pas nous injurier et nous frapper ? » Les souffrances de leur histoire personnelle leur ont donné, le plus souvent, une image très négative de la famille.
Mais en fin d’après-midi, les enfants sont revenus très joyeux. Chacun avait quelque chose à montrer : une bouteille de boisson sucrée, un nouvel habit, une petite voiture ou une poupée… tous ces petits gestes qui donnent la joie et font naître l’amitié.
Un temps de partage
Après leur retour, nous avons passé un long moment ensemble à raconter cette belle journée et à en partager les expériences.
Les témoignages ont fusé :
« J’ai été très bien reçu, après les présentations, j’ai pu m’asseoir dans un fauteuil, on m’a servi le petit déjeuner. Quand j’ai dit que j’étais fatigué, on m’a permis de me coucher dans un vrai lit ! Et on a pris de photos ensemble ! »
« Il y avait plusieurs enfants dans la famille, nous avons bien joué ensemble et je me suis senti comme un enfant de cette famille. »
« Le papa m’a bien reçu et après avoir écouté mon histoire, il m’a donné des conseils et m‘a dit : Ne reste pas dans la rue car tu vas y perdre ton étoile. »
« Nous avons partagé le repas familial, j’ai bien mangé et j’ai reçu beaucoup de cadeaux et d’amitié. C’est vraiment bien une famille ! »
Un désir de réunification familiale>
Cela a redonné aux enfants le goût et l’envie de quitter la rue. Certains ont fourni des renseignements sur un oncle, une grand-mère qui pourrait peut être les accueillir.
« J’ai vu qu’une famille cela peut être très bien et j’ai décidé de rentrer dans ma famille. ».
La Bonne Année en famille
Ainsi, à l’occasion du 1er janvier, les enfants qui le souhaitaient et le pouvaient ont été encouragés à aller souhaiter la bonne année à leur famille d’origine. La bonne année est le plus souvent un moment convivial, un temps de retrouvailles même s’il y a eu des problèmes durant l’année.
Deux filles et vingt garçons ont fait la démarche de retourner chez eux pour la journée du 1er janvier. Ceux qui ne pouvaient pas ou ne voulaient pas partir dans leur propre famille ont été emmenés dans une famille d‘accueil: dix filles et quinze garçons ont ainsi été placés.
Certaines familles ont gardé les enfants pendant deux jours ; une famille d’accueil a même insisté pour garder la fillette qu’ils accueillaient jusqu’au 3 janvier.
Malheureusement, certains enfants n’ont pas été bien reçus dans leur famille d’origine : « Comment ce sorcier ose encore revenir ici !» Certaines familles avaient déménagé sans laisser d’adresse et un enfant est rentré en pleurant, ne sachant pas comment retrouver sa famille.
La Bonne Année en famille d’accueil
Les enfants partis en familles d’accueil nous ont dit leur joie d’avoir bien joué, bien dansé. Ils ont apprécié d’avoir été aimés et respectés.
Un enfant s’est senti mal à l’aise parce que « tout le monde parlait français et je ne comprenais pas, il faut vraiment que j’étudie ».
Une fille, très bien accueillie et qui a reçu plusieurs cadeaux, a disparu au moment où la famille voulait la ramener au centre.
Tout le monde était très inquiet et s’est mis à sa recherche.Le lendemain, nous avons pu découvrir qu’elle était partie toute seule, sans aviser personne, pour embrasser sa grand-mère qui vit dans une très grande misère et partager avec elle les cadeaux reçus !
Retour d’expérience
Le dimanche 10 janvier, nous avons accueilli les familles qui ont reçu des enfants pour parler avec eux de cette expérience.
Les représentants des familles étaient eux aussi très contents :
« Les enfants se sont bien comportés, ils ont bien bu et bien mangé, ils ont bien joué avec nos enfants. »
« Nous avons été très touchés par leurs histoires et leurs souffrances. Ces accusations de sorcellerie sont vraiment à bannir. »
« Mes enfants ont pleuré au départ de leur nouvel ami. »
« Notre famille a apprécié la gentillesse et l’intelligence de Josué, nous lui avons dit qu’il était toujours le bienvenu chez nous. ».
Certains ont proposé de les accueillir à nouveau de temps en temps.
De nouvelles amitiés à venir …
Il reste encore dans les rues de Kinshasa beaucoup d’enfants qui ont perdu tout espoir…
Pour les aider, n’hésitez pas à faire un don ou à parrainer l’action du Centre Ndako Ya Biso.