Un été bouleversé par le Covid
Le Covid-19 continue de sévir à Madagascar. Le nombre de cas augmente de manière inquiétante malgré la distribution d’une tisane à base de plantes présentée par les autorités comme un remède au virus. Les autorités avancent plusieurs explications comme l’augmentation de la capacité de dépistage, la forte densité de population ou la non prise de cette fameuse tisane.
Cette épidémie fragilise encore plus la population déjà très touchée par la crise économique. Le coût de la vie augmente de manière drastique et chacun se demande comment assurer sa subsistance. C’est la question que nous nous posons chaque jour dans nos orphelinats. Malmenée par cette double crise, l’éducation nationale malgache essaie de s’adapter en modifiant par exemple en dernière minute les dates des examens. L’incertitude s’ajoute à l’inquiétude.
L’orphelinat de l’île Sainte Marie face au Covid
La vie est très perturbée sur l’Ile Sainte Marie car l’épidémie se fait de plus en plus sentir. Il y a de nombreux nouveaux cas de contamination et un médecin est décédé. Cela nous touche beaucoup. Nous vivons dans l’insécurité. A cela s’ajoute le chômage qui frappe de plus en plus de personnes. Nous sommes inquiètes car il y a encore moins de travail qu’avant la crise. Par exemple, nous qui vivons dans une région touristique de Madagascar, nous n’avons plus le tourisme qui procurait des emplois.
Nous sommes confinées depuis le 20 mars. Seules vont à l’école les enfants qui sont en classe d’examen. Pour les autres, les enseignants donnent des exercices à faire chez soi. Malgré toutes ces complications, les enfants de notre orphelinat vont bien et nous essayons de les faire vivre dans un climat de confiance dans la vie.
Pour les vacances, la plupart des enfants ont choisi de rester à l’orphelinat plutôt que de partir dans leur famille. En effet, la vie est devenue trop dure, les denrées alimentaires sont de plus en plus chères et les familles ont du mal à trouver leur nourriture quotidienne. A l’orphelinat, les enfants sont assurées de trouver à manger sans être une charge supplémentaire pour leurs parents ou leur famille d’accueil. Aux activités habituelles, nous avons ajouté le jardinage, les pique-niques et les jeux de plein-air, cela égaie nos enfants et les fait profiter de moments de détente au grand air, sans oublier les gestes de protection bien sûr comme le lavage des mains et les masques pour les plus grandes.
En ce qui concerne la scolarité, nous avons cinq enfants qui vont passer le BEPC mi-septembre. En principe, nous devrions d’ici-là connaître les passages dans les classes supérieures.
Nous espérons de beaux succès pour compenser toutes les angoisses et perturbations de cette année scolaire si particulière !
L’orphelinat d’Antalaha face au Covid
A Antalaha, le coronavirus continue à faire peur. Nous avons été confinées avec les quatre enfants que vous voyez en photo. Elles en ont profité pour ranger la bibliothèque et trier les livres. Même Orlica, âgée de 3 ans et demi, a apporté son aide à Melta et Lucie.
Alina, l’enfant avec le chemisier noir, est une mineure clandestine illettrée venue se réfugier à l’orphelinat au mois de décembre.
Lorsque le confinement s’est assoupli, dix enfants sont venues nous rejoindre, ce sont celles qui passeront un examen officiel en septembre ou octobre.
L’autre fléau que s’abat sur Madagascar est la pauvreté due à la situation économique qui ne fait que s’aggraver. Aussi, nous essayons de réagir et trouver des solutions afin d’assurer la subsistance de notre orphelinat et son autonomie. Nous avons le projet de construire un poulailler avec des poules pondeuses qui nous fourniraient des œufs. Les œufs se vendent très bien à Madagascar, leur prix augmente sans cesse. Nous assurerons ainsi une petite activité et une nourriture pour nos élèves et nous limiterons la hausse des prix de cette denrée pour la population avoisinante qui pourra venir s’approvisionner chez nous. Grâce en partie à l’aide de SOS Enfants, nous espérons pouvoir mener à bien ce projet.
En ce qui concerne les résultats scolaires, nous sommes satisfaites car tous les enfants du primaire passent toutes dans la classe supérieure, à l’exception de la petite Stéphanie.
Aucune de nos pensionnaires ne passera son Bac cette année mais quatre filles sont inscrites pour le BEPC, Melta et Lucie ainsi que les jumelles Elena et Elenie. Quant à Angela, Clara et Hélène, elles se présenteront au Certificat d’Etudes Primaires CEPE le 1er septembre.
L’orphelinat d’Amboangibé face au Covid
Le confinement continue à Amboangibé et nous vivons dans la crainte de cette pandémie. Toutes les précautions sont prises. Les enfants vont bien et sont restés à l’orphelinat pendant les vacances Pour les occuper, il y a la lecture et les jeux, il y a aussi le jardinage qui leur plaît beaucoup. Parfois, la télévision aide aussi à les distraire.
L’année scolaire touche à sa fin. Nous avons peu d’examens en vue, juste deux candidates au CEPE et trois au BEPC. Mais nous sommes très contentes car, malgré tous les problèmes rencontrés durant cette courte année scolaire, seules quatre de nos enfants devront redoubler.
L’orphelinat de Majunga face au Covid
A cause de l’épidémie, nous prenons beaucoup de précautions et, grâce à cela, les enfants de notre orphelinat sont tous en bonne santé. Durant le confinement strict, la plupart sont retournés dans leur famille, les cours polycopiés ont été distribués pour qu’ils puissent travailler chez eux. Quand le confinement a été moins strict, les classes d’examen ont rouvert dans les écoles, c’est-à-dire les classes de 7ème, 3ème et terminale. Les élèves sont alors revenus à l’orphelinat pour aller à l’école et se préparer à passer les épreuves.
Nous étions sur le qui-vive pour savoir si les examens auraient bien lieu. Le premier est le CEPE qui doit avoir lieu le 1er septembre. Quatre de nos enfants sont inscrites, Christine, Eleorance, Cygolène et Espérance.
La date du BEPC est fixée au 14 septembre, Fabienne, Marcelline, Erica, Frantonia, Jacqueline et Larissa doivent s’y présenter. En ce qui concerne le Bac, Cynthia, Caroline, Séraphine et Isabelle le passeront le 5 octobre si tout va bien.
Avec toutes les précautions pour éviter la contamination, la vie continue. On n’empêchera jamais des enfants de jouer et c’est tant mieux !
L’orphelinat de Sambava face au Covid
A Sambava, la situation est très tendue car nous devons affronter le problème de nos locaux qui se dégradent, certaines parties frôlant l’insalubrité. Nous n’avons pas les finances nécessaires pour à la fois effectuer les travaux de réparation et nourrir les enfants qui sont à l’orphelinat. En effet, avec le coronavirus, le prix des denrées alimentaires s’est encore renchéri. Assurer la nourriture du quotidien de nos pensionnaires est devenu notre priorité avant la réhabilitation des locaux.
A l’issue du confinement, à partir du mois de juillet, nos enfants n’ont eu classe que par demi journées. C’est pourquoi les programmes ne sont pas terminés et les résultats des passages scolaires ne sont pas encore connus. Cette année, une seule de nos élèves passera le CEPE.
Pour conclure, il faut bien reconnaître que la situation est loin de s’arranger à Madagascar.
L’intensification de l’épidémie de coronavirus ne fait qu’accroître la situation économique qui était déjà très fragile.
La pauvreté gagne du terrain de jour en jour mais nous gardons confiance dans la vie.
Nous tiendrons bon.
Votre aide est pour nous une source d’espoir. Nous savons que nous ne sommes pas seules.
Merci de ne pas nous oublier !
Un grand merci de tout cœur à tous ceux qui soutiennent les Orphelinats Filles de Marie et les enfants qu’ils hébergent à Madagascar.
Sans vous, rien ne serait possible !